
1 -LE CYCLE DE VIE DE LA PROCESSIONNAIRE DU CHÊNE
La processionnaire du chêne, Thaumetopoea processionea, est un Lépidoptère ravageur, spécifique du chêne, présent en Europe de l'ouest et notamment dans les régions du nord- est de la France.
Comme chez tous les Lépidoptères, le cycle se décompose en trois phases successives : la phase adulte caractérisée par les papillons, la phase larvaire qui comprend six stades de chenilles différenciées (L1 à L6), et la phase nymphale qui correspond à la transformation des chenilles en chrysalides.
Les chenilles sont très grégaires et se déplacent en processions. Elles se nourrissent de jour comme de nuit du feuillage de leur arbre hôte, et se regroupent en moyennes puis en grandes colonies sur les troncs et charpentières des chênes, au fur et à mesure du développement des stades larvaires, jusqu’à la nymphose.
2.LES RISQUES SANITAIRES ET LES BONS GESTES À AVOIR
La processionnaire du chêne pose de véritables problèmes d’ordre sanitaire sur les arbres et sur les hommes et animaux.
En effet, les chenilles sont à l’origine d’importantes défoliations sur les chênes (jeunes et adultes) provoquant un ralentissement de la croissance des arbres atteints. Toutefois, une défoliation totale ne provoque pas directement la mort des arbres hôtes. Cependant, les défoliations répétées sur plusieurs années contribuent à leur affaiblissement, et ces arbres deviennent ainsi plus sensibles aux stress hydriques et aux attaques d’autres parasites et/ou pathogènes, comme l’oïdium par exemple (maladie du feuillage).
De plus, à partir du stade L3, les chenilles libèrent dans l’air des poils urticants très allergènes pouvant provoquer des atteintes cutanées (démangeaisons pouvant mettre jusqu’à deux semaines à disparaître, œdèmes…), des atteintes oculaires (glaucome, cataracte…) ou encore des atteintes respiratoires (crise d’asthme…). Ces soies urticantes sont disséminées par le vent pendant tout l’été, et les reliquats de nids de nymphose, accrochés sur les grosses branches et les troncs, conservent leur potentiel d’urtication même pendant l’hiver.
Le caractère urticant des chenilles commence dès le troisième stade larvaire. Ces soies urticantes sont aussi très présentes dans les nids de nymphose, même après plusieurs années, c'est pourquoi il est dangereux de manipuler des nids même vides. Ainsi, la destruction des nids de processionnaire du chêne nécessite un équipement individuel de protection (EPI) pour le manipulateur afin de le protéger des risques d'urtication (masque, gants, lunettes, combinaison…).
LES BONNES PRATIQUES POUR ÉLIMINER LES NIDS DE NYMPHOSE
Avant toute manipulation, bien se protéger tout le corps en s’équipant d’une combinaison, d’un masque et de gants.
préférer une intervention le matin par temps humide pulvériser abondement une solution d’eau savonneuse sur le nid de nymphose retirer le nid humide et le placer dans un sac plastique étanche et bien fermé
LES BONNES PRATIQUES POUR ÉVITER LES URTICATIONS
En cas de pullulations dans les secteurs forestiers :
s’équiper de manches longues, d’un pantalon et de chaussures montantes éviter de rentrer dans les massifs forestiers par fortes chaleurs et vents
… AVEC LE BOMBYX DISPARATE
Le bombyx disparate (Lymantria dispar) est un ravageur inféodé aux chênes mais qui est très polyphage. Les chenilles des derniers stades larvaires sont reconnaissables par leurs paires de taches rouges et bleues. Les chenilles ne sont pas grégaires et peuvent se laisser suspendre par un fil de soie. La nymphose a lieu généralement sur l'arbre et la chrysalide peut aussi être suspendu à son fil de soie. Les pontes recouvertes d'écailles sont généralement déposées sur le tronc, mais aussi sur n'importe quel support (pierres, rochers, murs et murets...). Il n'y a pas de confusion possible avec les pontes de processionnaire du chêne disposées en long manchon autour d’un petit rameau.
… AVEC LA PROCESSIONNAIRE DU PIN
La processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) peut être confondue avec la processionnaire du chêne à cause de son comportement larvaire grégaire. En effet, les chenilles se déplacent également en processions. Toutefois, il est important de vérifier l’arbre hôte, car la processionnaire du pin attaque, comme son nom l’indique, toutes les espèces de pins, ainsi que les cèdres et quelques espèces de sapins, alors que la processionnaire du chêne ne s’attaquent qu’aux chênes caduques. De plus, leur cycle de vie n’est pas le même, les chenilles processionnaires du pin se développent durant l’hiver dans leur nid, alors que les chenilles processionnaires du chêne se développent durant le printemps et l’été. Enfin, lorsque les chenilles sont observées en procession au sol, durant l’hiver ou au printemps (voire à l’automne en climat océanique), il s’agit de la processionnaire du pin qui entre en procession de nymphose, dans le but de s’enterrer et de se nymphoser.
- LES FICHES TECHNIQUES DE LUTTE
1 LE PIÉGEAGE DES PAPILLONS
La pose de pièges à phéromone de synthèse consiste à attirer les papillons mâles présents sur le secteur pendant l’ensemble de la période de vol, réduisant ainsi les accouplements et le nombre de pontes potentielles.
Les pièges doivent être installés de manière à quadriller la surface à « traiter ». De plus, les pièges auront une meilleure efficacité s’ils sont accrochés à une grande hauteur (> 8 mètres). Attention, cette méthode de lutte ne peut être efficace que si les populations de processionnaires du chêne sont faibles, et dans le cas de petits bosquets et/ou d’arbres isolés. A l’échelle de grands massifs et/ou en cas de pullulation, cette méthode devient contraignante à mettre en œuvre, avec un nombre trop important de pièges à installer sur la surface à traiter.
Ainsi, plutôt que d’être utilisée à des fins de lutte, cette méthode peut être utilisée à des fins de monitoring, c’est-à-dire de surveillance de la dynamique de la population, dans le but de mettre en place par la suite d’autres techniques de gestion. A la fin de la période de vol, les pièges doivent être démontés et vidés, afin d’être réutilisés l’année suivante.
2 LA GESTION PAYSAGÈRE ET SYLVICOLE
La gestion paysagère et la lutte sylvicole consiste à améliorer la biodiversité des peuplements en privilégiant le mélange d’espèces, afin de réduire le nombre et l’accessibilité des arbres hôtes, et de constituer un refuge pour les ennemis naturels. La lutte prophylactique par abattage d’un arbre infesté de manière récurrente peut aussi être une solution de lutte contre la processionnaire du chêne.